Manœuvres : Le retrait joue les prolongations

Les clubs de football amateurs s’en remettent au Tribunal Arbitral du Sport pour reconquérir l’organisation de la compétition retirée au Cameroun par la Confédération Africaine de Football.

Chacun avait eu sa part le 20 septembre 2014 lorsque le Comité Exécutif de la Confédération Africaine de Football, alors dirigée par Issa Hayatou, a attribué l’organisation des CAN 2019, 2021, et 2023. C’est sur cette base, entre autres, que l’Association des Clubs de Football Amateurs du Cameroun (Acfac) a réuni son bureau exécutif en assemblée extraordinaire le 27 décembre 2018, à Yaoundé, pour débattre du retrait de l’organisation, par la Confédération Africaine de football (CAF), de l’édition 2019 de la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football des seniors messieurs.

Cette réunion a davantage été convoquée «vu la déclaration d’appel introduite au Tribunal Arbitral du Sport le 13 décembre 2018 par la Fédération Ivoirienne de Football (FIF), suite aux déclarations du président de la CAF relatives à l’attribution de la CAN 2021 au Cameroun», d’une part et aussi «compte tenu de la confirmation par la CAF qu’aucune décision n’a été prise concernant l’attribution de la CAN 2021 au Cameroun et qu’une éventuelle réattribution dépendrait de l’accord préalable de la Fédération Ivoirienne de Football», peut-on lire dans le communiqué finale qui a sanctionné les travaux.

Le bureau exécutif de l’Acfac a donc «décidé, à l’unanimité des membres présents et représentés (15 sur 16), de confirmer l’appel déposé au Tribunal Arbitral du Sport (TAS) le 7 décembre 2018, en contestation des décisions du Comité Exécutif de la CAF du 20 juillet 2017 (passage de 16 à 24 équipes participantes) et du 30 novembre 2018 (retrait de la CAN au Cameroun)». Il s’agit là de leur initiative visant à permettre au Cameroun de récupérer l’organisation de la CAN 2019, avec en cas de besoin, un calendrier exceptionnellement aménagé.

L’ACFAC n’en demord pas.

Le match de l’organisation de la CAN 2019 n’a donc pas encore fini de se jouer. Mais il faut s’interroger sur l’opportunité de la démarche de l’Association des Clubs Amateurs du Cameroun. Ce qui donne des raisons de penser que l’initiative portée par ce groupe a un certain sens se retrouve peut-être dans la réaction de la CAF. Celle-ci a clairement laissé entendre que la réattribution de la CAN 2021au Cameroun nécessite l’accord préalable de la Côte d’Ivoire. Et il va de soi que ce n’est pas le genre de cadeau qu’un pays serait bien aisé de faire à un autre. D’autant plus que le pays de Didier Drogba a montré à quel point il tient à sa Coupe d’Afrique des Nations 2021 en allant au Tribunal Arbitral du Sport pour contester la décision du Malgache qui est à la tête de la Confédération Africaine de Football.

Le moins qu’on puisse envisager c’est que la Côte d’Ivoire a toutes les chances de faire plier Ahmad Ahmad sur ce qui n’est d’ailleurs même pas encore une décision formelle. Et bien au-delà de la contrainte ivoirienne, il y a, suspendue sur la tête du Cameroun, une épée de Damoclès comorienne qui réclame la suspension du pays de Roger Milla, conformément aux règlements de la Confédération Africaine de Football.

Sons discordants
Il faut cependant dire que si l’Association des Clubs Amateurs du Cameroun entend défendre les intérêts de la Patrie, elle n’est pas en train de chanter la même chanson que l’Etat. Mais à ce propos, au-delà des appels à respecter la décision de la Confédération Africaine de Football, l’Acefac a laissé entendre, par la voix d’Abdouramane Hamadou, qu’aucun communique émanant de gouvernement ne renforce ladite interpellation. Il reste donc, à l’en croire, qu’il est permis d’envisager que le Cameroun n’a pas officiellement déclaré être d’accord avec la décision de lui retirer l’organisation de la CAN. Mais il faut aussi souligner que la CAF a déclaré que le président de la République a marqué sa disponibilité à organiser la Coupe d’Afrique des Nations 2021.

Du côté de Tsinga, on se veut clair : la Fédération Camerounaise de Football «n’est pas solidaire de l’action de l’Association des Clubs de Football Amateurs du Cameroun. Une lettre sera adressée à la Confédération Camerounaise de Football à ce sujet», a confié Sandeau Nlomtiti, du département de la Communication de l’instance faîtière du football au Cameroun.

Parfait Siki, le patron de ce département est, quant à lui, péremptoire. «La Fédération Camerounaise de Football condamne une telle démarche», a confié le responsable de la Communication. Il poursuit : «je pense que nous concevons des chances d’organiser la Coupe d’Afrique des Nations 2021 car la Confédération Africaine de Football a pris un engagement public écrit. Et le Chef de l’Etat y a répondu favorablement».

Les condamnations ne se limitent cependant pas à ce stade. L’Union Camerounaise des Clubs Amateurs de Football (Uccaf) y va de son mot. L’association «a suivi avec consternation le communiqué par lequel l’Acfac a rendu publique sa décision de confirmer l’appel déposé au TAS en contestation des récentes décisions de la CAF, notamment le retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun». Aussi, a-t-elle dénoncé vigoureusement cette démarche parce qu’elle s’oppose radicalement à celle du gouvernement de la République d’une part, et parce que l’Acfac «s’attaque à la CAF dont elle n’est pas membre» et «outrepasse ses objectifs et met en péril les relations entre le Cameroun la Fifa, la CAF et la FECAFOOT», peut –on lire dans le communiqué de l’Uccaf.

On est cependant forcé de reconnaitre que ces divergences ne risquent pas de démontrer une quelconque mobilisation de toutes les forces vives du Cameroun dans le but d’obtenir un même résultat. Une faiblesse qui vient s’associer à la farouche détermination de la Côte d’Ivoire à conserver l’organisation de sa Coupe d’Afrique des Nations 2021. Il en découle alors que le résultat de la campagne entreprise par Abdouramane Hamadou et ses compagnons risque changer considérablement les choses dans le football Camerounais.

Mathieu TCHITCHOUA

Rédaction

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