Joseph Evouna : «Le circuit de 2022 est complet»

Joseph Evouna : «Le circuit de 2022 est complet»

Le DTN de cyclisme analyse pour AZ Sports le tracé du circuit du Tour Cycliste International du Cameroun 2022 prévu du 4 au 12 juin 2022. Il décrypte les forces en présence et évalue les chances du Cameroun.

Dans quel état d’esprit se trouvent les cyclistes de l’équipe nationale du Cameroun à la veille du départ de la grande boucle samedi, 4 juin 2022 ?

Ils sont sereins, car conscients de ce qui les attend après le travail que nous avons effectué. Nous avons travaillé pendant un mois et demi. Ils attendent le coup d’envoi dans la sérénité. Ils espèrent beaucoup plus être ovationnés par les populations lors de leurs différents passages. Une manière pour elles de non seulement les accompagner, mais aussi de les soutenir lors des différentes étapes. Question de les booster et de les emmener à réaliser de bons résultats.

Le fait pour le Cameroun d’être le détenteur du maillot jaune qu’a arboré Clovis Kamzong lors de l’édition précédente en rajoute-t-il à la pression à la veille du lancement de l’édition 2022 du Tour du Cameroun ?

Effectivement, il y a une pression du fait que les équipes qui viennent pour participer au Tour cycliste international du Cameroun ne sont pas des enfants de cœur. En compétition internationale, tant que la première étape n’est pas encore courue, tout le monde a peur de l’autre. Or, lorsque celle-ci est achevée, les uns et les autres s’en tiennent aux résultats finaux. Lesquels les permettent d’entrevoir la suite et d’ajuster les tactiques en fonction des  étapes qu’il faille aborder. Et donc, la pression baisse, car désormais ailleurs.

Parlant de la concurrence, pour cette édition 2022, l’on annonce 60 coureurs. 10 équipes. Y ‘en a-t-il que les cyclistes Camerounais devraient redouter ?

… [Hésitations] Le cyclisme, voyez-vous, est une discipline sportive assez complexe. Nous courons sur du matériel. Un problème peut survenir. Il faut faire avec. Des cyclistes venant de l’extérieur, il y en certains que les coureurs camerounais connaissent. C’est le cas des Rwandais. Les cyclistes du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire ne sont pas étrangers à leurs homologues camerounais. Ce sont des personnes avec lesquelles ils ont l’habitude de compétir très souvent. Ils se retrouvent régulièrement lors des épreuves majeures de l’Africa Tour.

« Le Maroc constitue la grande inconnue car cela fait un bon bout de temps que les cyclistes du Royaume chérifien n’étaient plus arrivés au Cameroun. »

Et le Maroc ?

Le Maroc constitue la grande inconnue car cela fait un bon bout de temps que les cyclistes du Royaume chérifien n’étaient plus arrivés au Cameroun. Il en est de même pour nos coureurs, qui n’ont pas compéti au Maroc il y a bien longtemps. Ce qui fait que tant que tout le monde n’a pas encore poussé le premier coup de pédale,  chacun a peur de l’autre. C’est de çà qu’il s’agit.

Si on parlait du circuit : qu’elles sont ses spécificités du circuit de 2022 comparées au précédent ?

A regarder les circuits de 2021 et 2022, d’aucuns peuvent penser qu’il s’agisse de la même chose. Que non ! Certes, les étapes semblent être les mêmes. Toutefois, elles possèdent de nombreuses différences. Et tout part déjà de la structuration des étapes. L’année dernière, le départ du Tour cycliste international a été donné à Yaoundé, soit Yaoundé-Ayos comme première étape. Cette année, on débutera par Douala, en circuit fermé. C’est une étape assez compliquée. L’on pourrait penser que le terrain est plat. Or, ce n’est pas tout à fait le cas. On trouve de vicieuses petites côtes à l’intérieur du critérium. De même que cette première étape possède des faux-plats montants et des faux-plats descendants. Par ailleurs, l’étape possède de très grands virages dont il faudra faire attention au moment de les amorcer. 

Et la suite du parcours, comment pourrait-on l’analyser ?

Au niveau de la deuxième étape, quand vous pensez que les coureurs ne prendront pas de risque, ils le font. C’est ce qui a été fait l’année dernière. Je pense que les coureurs qui étaient là en 2021 risquent faire la même chose cette année encore.

Qu’elles sont les innovations du tracé du circuit de 2022 ?

La troisième étape constitue l’innovation majeure du tracé du circuit de 2022. La caravane partira d’Obala pour Ndikiniméki. Des 17 éditions précédentes, jamais encore l’on avait parlé d’une étape qui parte soit d’Obala, soit de Yaoundé ou encore de Bafia pour aller à Ndikiniméki. Cette fois-ci, nous avons l’étape Obala-Ndikiniméki. J’ai eu à faire des repérages : c’est une étape vicieuse également parce qu’elle comporte des côtes assez sérieuses. Mais on y trouve davantage des faux-plats montants et des faux-plats descendants.

Après cela, on aura le circuit de Bangangté, que les cyclistes ont parcouru lors de la première étape du Grand Prix Chantal Biya 2022. Mais pour le Tour Cycliste International du Cameroun 2022, l’étape possède un obstacle supplémentaire. Elle à une particularité : quand on est dans la ville, on a l’impression de descendre beaucoup plus. Mais quand on vient sur la grande route, la Nationale numéro 3 qui mène à Bafoussam, on ne cesse de grimper jusqu’à entrer dans la vile.

« La 7ème étape, Boumnyebel-Mbalmayo, c’est «l’étape reine» de la compétition. « 

Qu’en est-il des autres étapes en termes de difficultés ?

La 5ème étape, entre Loum et Limbe, a une grande côte au milieu de 4 km et à 10%. C’est la côte de Tiko à Mutengene. Voyez-vous, vous roulez sur du plat avec, quelques rares faux-plats montants et descendants, et vous venez buter sur une côte après avoir parcouru presque 100 km. La côte est assez difficile parce qu’elle grimpe à 10%. Et là, vous descendez pour Limbe. Quand on quitte cette étape, on passe à l’étape Douala-Kribi, la 6ème. On pense qu’on n’a pas de côte, que le terrain est plat. Mais alors, on a un vent qui vient de la mer et monte vers la côte. Ce qui rend les choses plus difficiles pour les coureurs peu ou non habitués à courir dans le vent. La 7ème étape, Boumnyebel-Mbalmayo, c’est «l‘étape reine» de la compétition. 

Pourquoi ?

Cette étape grimpe excessivement. Les cyclistes se devront d’être bien armés pour pouvoir passer les 123 km à parcourir car, les côtes que l’on a dans cette compétition se trouvent entre Boumnyebel et Mbalmayo. Une étape qui grimpe beaucoup. Raison pour laquelle elle a été surnommée «l’étape reine» de la compétition, du fait du nombre élevé des difficultés.  

Sorti de cette étape, on se dirait que la dernière étape devrait être moins éprouvante…

… [Sourire] quand vous quittez Ebolowa pour Yaoundé, sur les 45 derniers kilomètres à partir de Mbalmayo pour arriver à Yaoundé, le terrain est vallonné ; et ça cause un tout petit peu de problèmes aux cyclistes qui ont déjà 1000 km dans les jambes. Il y a la fatigue qui s’installe. Il faudra être beaucoup plus intelligent pour pouvoir terminer la compétition.

A vous entendre, le circuit 2022 est aussi complexe, sinon plus complexe, que le précédent…

Dans ce circuit, les grimpeurs auront leur mot à dire. Il en sera de même pour les rouleurs et les sprinters. Donc, le circuit est complet.

Propos recueillis par B.M.B.

Bertille Missi Bikoun

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